Devenir un homme pour devenir une femme libre.
- Elisabeth Lamard
- 26 juil. 2021
- 2 min de lecture
Les dernières vierges sous serment se trouvent en Albanie mais également dans d'autres régions des Balkans comme au Kosovo, en Macédoine, en Serbie ou au Monténégro.
Cette tradition, provient d'un Kanun ( code pénal ) élaboré sous la domination ottomane
( XV em siècle ), adopté aussi bien par les catholiques, les orthodoxes et les musulmans.
Sous ce code pénal, se cache surtout une société patrillinéaires ( héritages exclusivement par la lignée masculine ) et patrilocales ( la femme mariée rejoint sa belle famille lors du mariage ). Les femmes ont quasiment pas de droit et sont ainsi une propriété familiale.
Au fil du temps, de l'Histoire, bon nombre d'hommes perdent la vie aussi bien lors des guerres, des vendettas...... la disparition de membres masculins dans une famille est catastrophique pour les successions familiales : les terres, les biens personnels d'une famille, les entreprises.... Les filles ne pouvant accéder à la succession, la solution toute trouvée pour une société patriarcale et de " transformer " une fille de la famille en homme! Bien sûr sous certaines conditions : elles devaient abandonner tout signe de féminité, ne pas se marier, rester vierge et bien sûr ne pas avoir d'enfant.
Devenir une vierge sous serment est une décision irrévocable, en échange elle garde l'honneur sûr de la famille et obtient un statut d'homme, donc pouvoir travailler, boire, fumer, avoir des responsabilités, faire carrière donc acquérir une certaine liberté.
Il faut voir qu'en cas d'assassinat d'un homme la famille recevait une compensation financière, si c'était celui d'une femme la compensation serait de moitié ! Par contre, s'il s'agit d'une vierge sous serment la famille recevra la même somme d'argent que si c'était un homme.
Il y a de ça quelques années, rompre le serment était synonyme de peine de mort, maintenant la personne aurait surtout peur d'être rejetée par la famille, et d'amener la honte également !
Ce statut si particulier permettait à une jeune femme d'échapper à un mariage arrangé par sa famille, et d'éviter de porter la honte sur la famille du fiancé éconduit.
Ces traditions qui se perdent à coup sûr à l'heure actuelle, ont encouragé la limitation de la liberté de la femme considérée comme de la marchandise, à échanger contre une dot en cas de mariage.
C'est également encourager le patriarcat, mettre à mal la féminité, rejeter les capacités des femmes et les considérer comme une sous-categorie par rapport aux Hommes. Comme si porter des vêtements masculins, un prénom masculin, une attitude masculine donnaient une certaine

" puissance " et des capacités typiquement - masculines - !
Même si ces traditions sont abandonnées elles ne restent pas moins ancrées dans l'inconscient familial et collectif comme un acte honorable.
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