Une question de survie très certainement depuis la nuit des temps. A l'époque des premières civilisations, nos lointains ancêtres des cavernes avaient besoin de se protéger, de transmettre leurs savoir, et bien sûr d'agrandir leur clan. On a déjà parlé du rôle essentiel des grand-mères qui permettaient à la femme de chasser ou de protéger son clan pendant que ses jeunes enfants étaient gardés, tandis que les aieules transmettaient leurs expériences, leurs connaissances. Quoiqu'il en soit, le partage des tâches, le soutien de la famille étaient nécessaires au bon fonctionnement de la famille, du clan et cela permettait sa survie et son expansion dans les meilleures conditions. La multi-transmission permet à l'enfant de grandir, d'évoluer, d'acquérir beaucoup plus d'informations que si c'était fait que par sa mère seule. Les transmissions d'héritages vont évoluer mais elles essaieront de répondre au mieux aux besoins de la lignée. Karpathos est une île grecque avec un fonctionnement de transmission bien particulier ! Déjà , Karpathos est le pays mythologique du Titan Japet, lieu de naissance de Protheas, d'éducation d'Athéna et où Prométhée a vécu une partie de sa vie. Japet est considéré comme l'ancêtre des humains, son petit fils, Deucalion, fils de Prométhée lui-même, aurait survécu avec son épouse (cousine aussi) Pyrra, les seuls survivants du déluge décidé par Zeus. Un de leurs enfants Hellen, donnera son nom aux grecs, les Hellènes. Japet aura un lien avec la transmission hébraïque, en la personne de Japhet, un des 3 fils de Noé. Un héritage bien riche pour cette petite île. L'île de Karpathos se situe entre la Crête et Rhodes, dans le sud de la mer Egée. Ele est passée successivement aux Romains, aux Byzantins, aux Arabes, aux Génois (Andrea et Louis Moresco), aux Vénitiens (famille Cornaro) et aux Turcs Ottomans. Malgré leurs multiples occupations diverses (leur union avec la Grèce n'a été proclamée qu'en 1944), un village perché au nord de l'île, Olympos, abrite une société matiarcale avec un système d'héritage très avancé par rapport au reste de la Grèce. L'héritage de la mère allait à la fille aînée. Les familles n'avaient pas assez de biens pour les partager entre tous les enfants. Après le mariage, les hommes allaient habiter chez leur femme. La fille aînée prenait le prénom de sa grand-mère maternelle à l'inverse d'autres parties de la Grèce. Beaucoup de femmes se font toujours appeler par le nom de famille de leur mère et non par celui de leur mari. Vers les années 1950, bon nombres d'hommes émigrent aux U.S.A et vers d'autres pays européens, ce qui oblige les femmes à gérer les exploitations agricoles. "L'homme serait la tête de la famille, la femme le cou. C'est elle qui oriente les décisions prises par l'homme ". Ce système d'héritage ne va avantager que les filles aînées de la famille, les filles cadettes restant auprès de leur sœur aînée pour être à son service et elle seule pourra se marier et avoir des enfants.
Contrairement à la Grèce du nord, dans les sociétés agropastorales, où les femmes sont traditionnellement exclues du droit à l'héritage familial, y compris de la maison natale. A Olympos, chaque parent apportera son propre patrimoine au moment du mariage et pourra le transmettre donc à l'enfant aîné du même sexe. Il existera alors une lignée de descendance masculine paternelle et une lignée descendante féminine maternelle. L'aîné des garçons portera le prénom du grand-père paternel et l'aînée des filles celui de la grand-mère maternelle. Les prénoms désignés pour chaque aîné détiennent une place primordiale dans la communauté ; ils représentent leur statut social. On considérait que l'enfant "ressuscitait" son grand-parent, en quelque sorte, les parents remboursaient une dette affective en accomplissant un devoir sacré : celui de faire -anastassi-, c'est à dire ressusciter leur ancêtre. En un mot, l'âme de l'ancêtre passait dans le corps de celui qui portait son nom, en transmettant l'ensemble de leur patrimoine matériel et symbolique.
Quoiqu'il en soit, la passation d'héritages est un point important dans chaque famille, qu'il soit émotionnel ou même matériel. Qui n'a pas dans sa famille, le "tout désigné" pour reprendre le flambeau ? Celui qui va récupérer les lauriers au détriment des autres ? Acceptation, fatalité, effacement.... comment les autres membres de la fratrie l'acceptent finalement ? Mais c'est pour le bien de la famille dira t'on ! Dans tous les cas, au moment du partage des héritages matériels ils font bien l'objet de pas mal d'émotions de toutes sortes. Par contre il est intéressant de voir si vous même avez eu l'opportunité d'être aidée en tant que mère, pour élever vos enfants ? Comme nous l'avons vu, la parentalité collective est un véritable atout aussi bien pour l'enfant que pour la mère, et donc son entourage. C'est le moment pour vous de jeter un œil sur vos héritages mère-fille dans votre lignée familiale, ils seront bien plus significatifs que nous le pensons !